Le chateau actuel, de style neo-gothique, a ete principalement reconstruit a partir de 1820, sur les bases voutees, encore existantes et visibles de nos jours, d’une ancienne forteresse medievale fondee au XI° siecle par Arthaud de Mirambel. A l’epoque, on designait en effet ce chateau sous le nom de Mirambellum, car construit sur un point admirable ayant en perspective les rives de la Gironde ainsi que les cotes du Medoc d’une part, et les hauteurs de Pons d’autre part.
Deux siecles plus tard – en pleine guerre de Cent Ans - Hertauld de Mirambel etait vassal du roi d’Angleterre. Il s’en detacha en 1242 pour faire hommage a Saint-Louis, apres les glorieuses victoires de Taillebourg et Saintes. Puis le chateau echut a Bertold, seigneur connu pour son caractere noble et chevaleresque. Se trouvant a Mirambeau en 1259, Henri III, roi d’Angleterre, accorda a ses chevaliers toutes les libertes dont ils jouissaient au temps du roi Richard son oncle et du roi Jean son pere.
Le Duc de Berry et Louis de Sancerre furent recus a Mirambeau pour recuperer la place forte, mais la population refusa, preferant rester sous la domination anglaise qui percoit moins d’impots que le roi de France. De 1317 a 1396, le Chateau fut habite par les comtes d’Aunay, seigneurs de Mortagne. L’un d’eux eut une fille, Louise de Clermont et de Mirambel, qui epousa Francois de Montbron. L’un des descendants de ce dernier sera conseiller general de la Jarrie (Charente-Maritime). Montbron vendit en 1415 a Jehan II de Harpedane. Puis Jehan III de Harpenade, chambellan du roi Charles VI, seigneur de Belleville, Cosnac et Mirambeau, epousa Marguerite de Valois (sœur du Roi de France) en 1427.
Guy Harpedane de Belleville (qui eut des demeles avec les hautes cours de justice) et Guy II Harpedane de Belleville, seigneur de Mirambeau, se succederent dans la chatellerie qui devint ensuite la propriete de Jacques de Pons, epoux de Francoise Harpedane de Belleville et en second lieu de Jacquette de Lansac. De cette derniere naquit Francois de Pons qui fut marie d’abord a Francoise Geoffroy de Dampierre, puis a Magdeleine du Fou vers 1559. Vinrent ensuite Armand d’Escodeca de Boisse qui avait epouse Magdeleine de Pons, Henri d’Escodeca de Boisse et leurs descendants, Louis et Camille-Louis de Lorraine, tous « Seigneurs de Mirambeau et Autres Lieux ».
De 1562 a 1567 – nous sommes en pleine guerre de Religions - la place fortifiee de Mirambeau est occupee par les rebelles. Fortement endommage a la suite de plusieurs sieges, destructions et autres incendies, le chateau est a nouveau la proie des flammes en 1570. C’est alors qu’est construite l’aile nord actuelle, de style neo-gothique.
En 1577, le Prince de Conde s’en empare avec 1600 fantassins et chevaux. Apres le siege et la reddition de Royan, le 21 mai 1622, Louis XIII vint passer la nuit au chateau. Saisi le 15 septembre 1707 pour etre adjuge au Prince de Lorraine, allie a la famille de la Tour d’Auvergne, le chateau fut ensuite vendu en 1787 au Marquis de Caupenne.
Puis, le 30 juillet 1813, le comte Duchatel, se porta acquereur moyennant la somme de 260 000 francs. C’est lui qui fit entreprendre de grands travaux de restauration pour transformer cette vieille batisse aux allures feodales en une riche demeure bourgeoise. Les pavillons de la facade sud sont reconstruits sur les bases des XI° et XIII° siecle et habilles d’un decor neo-Louis XIII. Entre les deux, on fit batir un batiment du meme style, formant ainsi le corps de logis du cote sud. La cheminee monumentale de la cognatheque porte le blason de la famille ainsi que sa devise : « EX URBE EJECIT HOSTEM » (Il boute l’ennemi hors de la ville). La chapelle ne fut construite qu’ensuite, en 1865.
Le comte Duchatel, apres avoir ete a plusieurs reprises depute, fut pair de France pendant le gouvernement de Juillet. Son successeur a la Chambre des deputes fut Tanneguy Duchatel, son fils, ancien ambassadeur a Vienne. Tres sympathique et fort estime dans la contree, celui-ci fut egalement maire de Mirambeau et conseiller general du canton. Cruellement eprouve par des deuils successifs, il se retira de la politique et, loin du monde, s’adonna aux bonnes œuvres. Il transforma sa somptueuse demeure en un asile de vieillards auxquels des religieuses donnaient leurs soins, non sans avoir auparavant legue sa collection de tableaux au Musee du Louvre.
Sans descendance, il institua comme legataire universel son neveu Charles, Marie, Duc de la Tremoille et de Thouars, depute de la Gironde, qui fait donation du chateau au Ministere de la Guerre le 9 Aout 1916 pour devenir hopital militaire, puis centre de convalescence apres l’armistice et ce jusqu’en 1936. Les envahisseurs allemands l’occuperent un temps, puis il fut loue a partir de 1942 au service Departemental des Refugies, et redevint ensuite un centre de convalescence.
Abandonne par l’armee dans les annees 70, il fut rachete par la Region. Mais l’entretien etant trop couteux, il fut revendu en 1992 a un riche americain qui le transforma en hotel, mais sans succes. Ferme ensuite pendant 6 ans, il fut rachete en juin 2002 par l’actuel proprietaire, Monsieur Roberto Polito, hotelier italien qui possede par ailleurs une douzaine d’etablissements en France, en Italie et en Angleterre.
Une renovation complete du chateau fut entreprise en septembre 2002 pour faire de Mirambeau un hotel de grand luxe et, depuis 2005, l’etablissement compte parmi les prestigieuses maisons de la chaine Relais & Chateaux.